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L'entraînement neurocentrique fait désormais partie du quotidien de nombreuses personnes. La neuroformatrice Luise Walther est l'une des plus grandes expertes dans ce domaine. Dans cet entretien, nous explorons les conséquences négatives d' une utilisation excessive des ordinateurs, smartphones et autres appareils, et les solutions pour les contrer.
DOCTEUR neuro : Luise, vous êtes vous-même une jeune entrepreneuse et vous avez réussi à vous libérer du piège de la douleur et du stress pour adopter un mode de vie sain et conscient. Comment cela s'est-il passé pour vous ?
Luise Walther : Pour moi, ce changement de mode de vie a été très conscient et progressif. Après deux opérations discales, j'ai ressenti le besoin de changer. Tout d'abord, il était crucial de retrouver une perception de mon corps dans certaines situations et activités. Cela m'a permis d'apprendre à mieux me concentrer sur ma conscience corporelle et à contrôler ma respiration. Cela me permet de réduire continuellement mon stress et d'améliorer ma santé mentale et physique. Cependant, cela ne signifie pas que mon quotidien est toujours exempt de douleur et de stress. Les deux font partie de ma vie. Mais aujourd'hui, je peux mieux le réguler et y réagir intelligemment.
AN : Que pensez-vous de la multitude de médias numériques et comment les gérez-vous ?
LW : L’abondance des médias numériques peut entraîner une surcharge numérique, source de surstimulation et de stress. Personnellement, je suis un fervent partisan du numérique. J’y vois un potentiel énorme et j’utilise donc les médias numériques en permanence ; j’ai presque toujours mon ordinateur portable et mon téléphone portable avec moi.
Cependant, faire des pauses fréquentes avec les médias numériques et privilégier de courtes périodes d'exercice ou de nature est essentiel pour trouver un équilibre. Pour être honnête, je n'en fais souvent pas assez, alors j'ai pris l'habitude de programmer mes réunions sous forme de séances de marche et de discussion dès que possible. C'est particulièrement crucial pour les yeux. Ils jouent un rôle essentiel, car ils traitent l'information visuelle et peuvent rapidement se fatiguer après une exposition prolongée aux écrans. C'est pourquoi j'intègre des exercices oculaires réguliers à ma routine quotidienne et j'ai établi mes propres routines.
AN : Que faites-vous pour équilibrer votre vie quotidienne numérisée ?
LW : Je suis très pragmatique à ce sujet : de bons repas en bonne compagnie, beaucoup d'exercice et une vie sexuelle épanouissante. Ma charge de travail est assez importante et j'ai des habitudes que je respecte, que je sois à la maison ou en déplacement. Le matin, je fais du sport dès mon lever, puis je prends une douche froide et, si possible, je profite du soleil. Comme je fais beaucoup de vélo, je le fais généralement automatiquement pendant mes trajets.
Un effet secondaire positif est l'exercice et le temps passé loin de mon téléphone. Mon regard se promène, même si Berlin n'est pas vraiment un paradis naturel. Je profite néanmoins d'un peu d'air frais et d'une vue sur les arbres. Et je planifie mes temps libres ou mes pauses avec des amis ou des partenaires de projet pendant que je suis active : par exemple, un déjeuner d'affaires suivi d'une promenade, un jogging le long du canal avec des amis ou une sortie au parc de jeux en famille. Ainsi, je me crée chaque jour de petits îlots de détente.
AN : Vous avez suivi une formation de coach Z-Health. Comment l'entraînement neurocentrique peut-il nous aider à adopter un mode de vie plus sain ?
LW : Z-Health est un système de formation américain en neurosciences appliquées. Le Dr Cobb a créé un concept de formation innovant. Il comprend un ensemble complet de compétences, incluant des éléments de neurologie du mouvement, de neurophysiologie de la douleur, d'apprentissage moteur, de connaissance des interactions visuelles et vestibulaires avec le système musculosquelettique, et d'approches axées sur le changement comportemental.
Pour moi, il était crucial de comprendre comment le cerveau et le corps interagissent. Qu'il s'agisse d'amélioration des performances, de gestion de la douleur, de régulation du stress ou d'optimisation des mouvements : la douleur, le mouvement et le stress trouvent leur origine dans le cerveau. C'est pourquoi l'entraînement doit commencer par là.
AN : Dans notre monde numérique, beaucoup de gens souffrent de stress. Que faites-vous de mal ?
LW : Je n'oserais jamais dire que quelqu'un fait quelque chose de mal, car chacun fait de son mieux. Je recommande plutôt de prendre des mesures ciblées pour améliorer la régulation et la gestion du stress. Le stress chronique est connu pour avoir des effets négatifs sur le corps et l'esprit et peut être lié à diverses maladies. Il est donc important de trouver des moyens de réduire le stress et de mieux le gérer.
Des études ont montré que les exercices de pleine conscience peuvent être une méthode efficace pour réduire le stress et améliorer sa régulation. Un neuro-entraînement ciblé peut également contribuer à améliorer la gestion du stress. Au lieu de se dépasser constamment, l'objectif est de concentrer son attention sur la conscience de son corps afin de ne pas surcharger son système nerveux.
AN : Vous travaillez avec ce que l’on appelle des déclencheurs. Que sont-ils et pourquoi sont-ils si importants au quotidien ?
LW : Les déclencheurs sont importants au quotidien pour favoriser les changements de comportement. Ils attirent l'attention sur une action ou une habitude spécifique et vous motivent à adopter une nouvelle habitude.
Nous avons tous tendance à tomber dans la routine et les habitudes, surtout dans un environnement familier. Cependant, des déclencheurs peuvent contribuer à briser cette routine. Ils attirent notre attention et nous incitent à essayer de nouvelles actions, par exemple la sonnerie du réveil le matin, qui nous incite à nous lever et à commencer la journée. Des sucreries bien visibles dans la cuisine peuvent nous inciter à les consommer comme des en-cas malsains. Ainsi, en étant conscients de l'influence de ces déclencheurs sur notre comportement, nous pouvons créer des déclencheurs positifs. Ceux-ci nous aident à développer de nouvelles habitudes ou à en changer.
De plus, les déclencheurs peuvent également aider à établir un lien entre un comportement souhaité et un résultat positif. Par exemple, si nous buvons une boisson rafraîchissante après une séance d'entraînement, cette boisson peut devenir un déclencheur qui nous motive à faire de l'exercice régulièrement, car nous y associons un sentiment positif.
AN : Pourquoi les outils d’entraînement neurocentriques peuvent-ils être utiles pour atteindre vos objectifs de santé ?
LW : Tout d’abord, il est important de se fixer des objectifs. Ceux-ci sont toujours très personnels. Certains souhaitent améliorer leur sommeil, d’autres réduire leurs tensions cervicales, tandis que d’autres encore aspirent à être plus calmes et plus détendus.
Travailler avec différents outils offre plusieurs avantages :
- Les outils d'entraînement neurocentrique peuvent nous aider à mieux comprendre la façon dont notre cerveau réagit à certains stimuli ou situations. Cette prise de conscience nous permet de mieux réfléchir sur nous-mêmes et de comprendre nos comportements et nos schémas de pensée.
- En utilisant des outils neurologiques, nous pouvons apprendre à mieux contrôler et réguler nos réactions. Cela peut nous aider à éviter des comportements néfastes pour la santé, comme manger sous l'effet du stress ou fumer, et à opter pour des alternatives plus saines.
- Les outils neurologiques peuvent nous aider à mieux nous motiver et à associer des récompenses à nos comportements souhaités. Cela peut nous aider à atteindre nos objectifs de santé en augmentant notre motivation et en alignant nos comportements sur des résultats positifs.
- En utilisant des outils neurologiques, nous pouvons développer des solutions de santé individuelles et personnalisées adaptées à nos besoins et objectifs spécifiques.
- Les outils neurologiques peuvent nous aider à mieux gérer le stress en nous aidant à le réduire. Cela peut nous aider à rester en meilleure santé et à prendre de meilleures décisions en la matière.
AN : Quel est votre meilleur déclencheur pour faire une pause dans l’exercice ?
LW : Absolument : un café, une promenade et une discussion au soleil. Dès que le soleil brille et que je n'ai pas de rendez-vous fixe devant l'ordinateur, j'en profite pour sortir, prendre un bain de soleil et faire un peu d'exercice. Souvent, ma récompense est un café, puis je m'installe au café avec un carnet et je travaille sur mes projets. Pour les projets qui ne peuvent être reportés et qui doivent être terminés, de courts exercices de respiration ou des yeux me sortent de la routine et me ressourcent.
À propos de Luise Walther
Luise Walther est spécialiste de l'entraînement neurocentrique et coach Z-Health. Son objectif est de proposer des solutions simples et accessibles pour éveiller le plaisir du mouvement. Dans son travail, elle s'intéresse particulièrement à l'analyse de la performance physique sous toutes ses facettes. Son approche repose sur le constat que la douleur, le mouvement et le stress trouvent leur origine dans le cerveau.